Cette semaine je vous propose un article sur l’un de mes séries de manga préféré, « Gunslinger Girl », puisque le dernier tome est sorti le 18 novembre. J’avais découvert cette série par le biais de l’anime du même nom qui passait sur NRJ 12. L’histoire sortait un peu du lot des autres productions d’animés diffusés en France à cette époque, j’ai vite vu que celui si avait quelque chose de plus. Je me suis donc rendu chez mon libraire préféré (le bazar du bizarre pour ne pas le citer) pour y découvrir la version papier car, comme on dit, de l’anime au manga il n’y a qu’un pas. Arrivé au douzième tome de la série , je ne regrette nullement mon choix.
Le premier tome de la série Gunslinger Girl
Je me suis vite rendu compte que l’anime du Studio Mad House ne développait qu’en fait les tous premiers tomes du manga. Je suis donc vite arrivé sur de l’inédit qui m’a fait encore plus apprécier cette série. Le manga était à l’époque sorti chez Asuka Editions (qui depuis a été racheté par Kaze), un petit éditeur qui choisissait plutôt bien les titres de son catalogue. Mais trêves de bavardages et allons au vif du sujet.
Afin de faire face à la criminalité et au terrorisme qui ronge la République, le gouvernement italien décide de créer une nouvelle division au sein de ses services secrets : un nouveau corps d’agents se constitue, fait de soldats cybernétiques surentrainés aux tactiques et au maniement des armes. Ils iront sur le terrain pour effectuer les missions les plus délicates contre le crime organisé et les dangereux terroristes à la solde des mouvements d’extrême droite. Un seul problème à cette équation, les agents de terrain sont toutes de jeunes filles hautes comme trois pommes. Chaque fille est entrainée et dirigée par un « fratello » (qui veut dire frère en italien) qui leurs donneront tous leurs ordres.
Pour maintenir cette activité sous couverture, tous les agents font partie de l’Agence d’aide sociale, mise en place pour développer la recherche médicale et l’assistance dans le pays. Au fur et à mesure des tomes, on se rend compte qu’en réalité les fillettes de l’agence ne sont pas là par hasard, elles ont toutes subi un traumatisme, aussi bien physiques que moraux. Pour qu’elles ne se rappellent plus de leur passé, elles sont « reconditionnées ». Une grande partie de leur corps a été modifié par des implants qui peuvent être remplacés en cas de blessures, mais qui leurs permettent aussi de décupler leur force et de rester plus longtemps actives sur le terrain qu’un être humain normal. Rompues au maniement des armes et des techniques de combats, on en fait de parfaites machines à tuer qui n’éveillent pas les soupçons. Après tout, qui irait imaginer qu’une petite fille bien propre sur elle porte une mitraillette dans son étui à violon?
La première générationdes cyborgs de l’agence d’aide sociale.
Au fil des tomes, on en apprend plus sur les différents personnages de la série, particulièrement sur le passé des fillettes, mais aussi de leurs « fratelli ».Si, à première vue, on peut craindre le côté fan service type « nanas et guns » du manga, cela est vite démenti. Ici, la psychologie des personnages prend une place prépondérante. On peut citer, par exemple ,toute la problématique entre les filles et leur « fratello » dont elles ont tendance à tomber amoureuses, ce qui les pousse à protéger de leur vie leur bien aimés. De l’autre côté, on voit comment les agents « adultes » essayent de gérer une relation complexe avec ces fillettes ayant toutes un passé douloureux dont elles ne se rappellent pas mais qui a tendance à refaire surface. Quelles sont les motivations qui les ont poussés à entrer dans l’Agence ? On découvrira qu’en général eux aussi, ont un lourd passé qui les a guidé dans ce chemin.
On suit une histoire captivante et des plus noires qui nous amène au questionnement sur de nombreux sujets brûlants d’actualité, l’enfant soldat étant en tête évidemment. L’œuvre nous perturbe et pose sans cesse la question de savoir si la fin justifie les moyens.
Yu Aida a sans nul doute fait de nombreuses recherches sur l’Italie avant de commencer son manga, on le perçoit dans ces petits détails qui ne trompent pas. Tout l’arc sur la Camora (la mafia napolitaine) est bien documentée, les différentes villes d’Italie sont parfaitement retranscrites dans le manga, c’est presque comme si on y était. C’est un manga absolument magnifique qui, j’espère, aura une fin digne de la série.